Encore une chouette soirée, se félicitent les uns et les autres en remerciant les organisateurs. Nous y étions 42 ou 43. Pas loin d’être un record :
- 25 ESSEC, (dont 2 épouses et un ami) dont 5 membres de notre bureau, dont votre serviteur, dont une partie trop tôt.
- 7 administrateurs du GRECO + 7 membres du GRECO via leurs écoles (étaient représentées 1 X, 1 Supaero, 3 Centrale, 3 HEC, 1 Agro, 3 Navale) et 4 épouses (mais, bien sûr, aucun raton-laveur).
Voilà, voilà … et notre invitée, Maryse Joissains, Maire d’Aix, qu’a-t-elle dit ce soir-là ?
Si on voulait faire le jeu des différences entre Marseille et Aix, on n’aurait pas fait mieux : c’est avec 10mn d’avance, à 18h50, qu’est arrivée notre invitée (aixoise d’adoption, toulonnaise de naissance et cousine du maire homonyme de cette ville-ci).
Ensuite, plus trop de différences : On retrouve élocution d’abondance, faconde, gestuelle ponctuante, accent méridional, chaleur de même aloi, reconnaissant tel ou tel de ses administrés comme si elle l’avait vu encore la veille – et c’était effectivement le cas pour l’un ou l’autre.
Apéro qui s’étire, et ça discute à qui mieux mieux, qui faisant connaissance de nouvelles têtes, qui réchauffant sa timidité à l’accueil chaleureux des petits groupes qui se forment, s’ouvrent, se reforment, etc. Seuls les organisateurs flippaient un peu, trouvant les rangs bien clairsemés… l’autoroute ayant joué un nouveau sale tour aux automobilistes – jusqu’à une heure de retard, peuchère ! une astuce d’Aix pour préserver sa quiétude loin des hordes déferlantes de sauvages ?
Puis on passe à table, rondes, les tables, d’un diamètre presque parfait, laissant à chacun à la fois la place pour les coudes et le voisin d’en face à portée d’oreille…. L’oratrice grimpe à la tribune, auditoire coi. La dame parlait sans suivre de schéma apparent, mais visiblement elle avait une intention. J’ai pris des notes. Cela valait la peine.
Nota : en italique ce sont ses mots ou presque, et entre () c’est le résumé de ses mots mais les mots sont les miens !
« J’ai la conviction d’être dans la défense du Pays d’Aix, et comme j’ai été une député battue, je me recentre sur le territoire et la proximité, vraies motivations des 36000 maires, qui savent qu’ils sont là vraiment puissants – un député, c’est seulement aux ordres de son groupe, il s’exécute ou il subira la rétorsion du découpage électoral… ».
S’ensuivit l’histoire de la réforme des collectivités par Sarko – elle l’appelle ainsi – (la cause de son échec, c’est de s’y être entêté, poussé par le théoricien Balladur jamais élu local, qui a pondu une belle mécanique intellectuelle mais qui ne savait donc rien de la vraie vie des maires sur le terrain) et donc cette histoire de la réforme nous a été contée entrelacée des anecdotes sur les vrais problèmes de ses vrais électeurs (de la crèche au cimetière), et de la description esquissée des vrais attitudes, motivations, comportements de ses collaborateurs « On n’a absolument pas les mêmes outils qu’en entreprise pour diriger, On ne peut travailler qu’avec le consensus et l’adhésion, On peut obtenir beaucoup des fonctionnaires, il faut faire beaucoup de pédagogie, ça remplace les réprimandes, il faut qu’ils aient confiance pour être motivés… ».
C’est sur cette spécificité du management public et de la maîtrise (supérieure) qu’en ont les équipes qu’elle anime, tant à Aix que, plus encore, à la CPA où elle anime 34 communes. Elle le fait si bien répète-t-elle que 2 autres isolées ont préféré s’y raccrocher aussi, dont Gardanne la Communiste, qui balançait plus logiquement vers sa consœur Aubagne, « eh bien non, parce que leur maire est un grand maire ». C’est encore plus complexe d’animer ces 36 personnalités (et 143 membres en tout !), et pourtant on y arrive, parce qu’on n’y fait pas de politique (à la CPA, car à Aix, c’est clair, on est à droite), on s’occupe des gens… Proximité ! (A Aix aussi elle s’occupe des gens et de leurs problèmes).
Puis vient le contrepoint sur le reste du monde provençal en général et Marseille en particulier, ville parée de toutes les qualités sauf… celle de l’efficacité, parce que personne n’y dirige quoique ce soit et que seul l’esprit politique guide les uns et les autres. Le retour de la féodalité et des vassaux.
Retour à la mécanique métropolitaine : le territoire métropolitain est le bien « bon niveau » pour trancher des questions, mais seulement celles d’investissement, d’infrastructure, etc. Car si bien conçue que soit cette nouvelle institution, elle est inadaptée aux questions quotidiennes qui relèvent de la proximité, proximité géographique et humaine. Et là, les politiques y feront de la politique et les décisions seront prises par des apparatchiks sans responsabilités ni comptes à rendre devant des électeurs (l’exercice de la responsabilité c’est d’être viré si on n’est pas efficace).
Alors pourquoi imposerait-t-on aux plus efficaces des communes (panégyriques des réalisations exemplaires de ses 10 ans) d’être noyées dans l’inefficience prouvée et congénitale de Marseille et MPM ?
CQFD. Elle poursuit :
Alors, OUI – grand Oui à une coopération métropolitaine (désirée par les 9 intercommunalités ) – sur les domaines stratégiques : l’université (depuis début 2012) ; les transports ; l’économie et les bassins économiques. Mais c’est La Région qui doit impulser et faire (Sarko voulait progressivement, à juste raison, faire disparaitre les départements). Il n’est pas nécessaire d’empiler une nouvelle structure “Métropole” qui coûtera cher, très cher.
Marseille a vocation à être Capitale rayonnante, fenêtre tournée vers la Méditerranée, mais Marseille n’est pas prête. L’Etat doit aider Marseille, oui, financièrement lourdement et en renforçant l’Etat : comment voulez-vous que des policiers mal payés et pas assez nombreux puissent résister à l’économie parallèle et à la violence. Je suis d’accord avec Samia Galli – magrébhine – sénatrice du 15ème arrondissement. Désolée pour les bien-pensants – l’Armée est nécessaire pour “reprendre” les quartiers Nord, zone de non droit et d’incivilités où les élus ne vont plus.
Puis questions réponses, plutôt sans fleuret de la part des questionnants. Comme si chacun avait deviné que face à elle la courtoisie était de loin préférable à l’audace d’une critique peut-être justifiée mais probablement insuffisamment préparée : la Dame, elle, connait son affaire, ses dossiers, et parle cash. Belle démonstration de charme et de fermeté, de puissance de travail aussi, puisqu’elle nous a quitté vers 21h30 pour aller à une autre soirée à l’autre bout du département, sans manger ni boire.
Quelques photos pour finir, d’une soirée dont les derniers sont partis à 23h30, chacun ayant pris le temps de faire connaissance avec une bonne partie des autres, le tour de table y aidant.
Un grand merci aux membres du GRECO de s’être joint à nous et d’avoir accepté sans façon de se mélanger à tous plutôt que d’avoir une table « GRECO » aussi identifiée qu’isolée.
Amicalement à toutes et tous,
Yves Martin-Laval
au nom du Groupe Essec Provence