Groupe X-Provence / GRECO
Dîner- débat du 22 novembre 2012 aux ARCENAULX avec Jean-Louis BEFFA.
Cette soirée organisée par le Groupe X-Provence dans le cadre du GRECO a attiré une cinquantaine de convives représentant l’ensemble de nos huit Ecoles participant au GRECO, et notamment les Présidents du GRECO, du Groupe des Centraliens, du Groupe Agros et du Groupe X-Provence ainsi que deux anciens Présidents du GRECO.
Notre conférencier, invité au titre d’anciennes relations remontant à ses débuts chez Saint Gobain, vient d’écrire un livre* consacré aux problèmes de la mondialisation et de son impact sur l’industrie en France et dans les grands pays du monde. L’expérience de Jean-Louis BEFFA dans ce domaine résulte de quarante ans de vie industrielle dans le Groupe de la Compagnie de Saint Gobain où, jeune ingénieur des Mines à la DICA ( Direction des Carburants ), il est entré en 1973, comme Directeur du Plan et rapidement comme Président de Pont à Mousson, puis Directeur Général du Groupe et enfin Président. Il est maintenant Président d’honneur ( ou Président honoraire, formule qu’il préfère ) et conseil chez LAZARD, en particulier pour les affaires internationales, notamment en Asie.
Il rattache les problèmes actuels à l’arrivée de la Mondialisation avec la Chute du Mur en 1989. L’ouverture aux lois de marché de l’ensemble soviétique et marxiste (URSS, Chine et leurs satellites ) a profondément modifié les conditions de compétition entres les industriels des pays développés depuis longtemps, c’est-à-dire les pays occidentaux pour l’essentiel, et les nouveaux pays émergents offrant des coûts de main d’œuvre très largement inférieurs.
Il en résulte une différence de situation majeure entre les industriels opérant sur des métiers « régionaux », protégés de fait de la concurrence des pays émergents, et ceux travaillant réellement sur le marché mondial. J-L BEFFA a d’ailleurs justement insisté sur la possibilité d’être « régional » dans différents pays, possibilité largement exploitée par son Groupe dans les activités comme le verre, le plâtre ou la laine de verre. Sous sa direction, entre 1986 et le XXIème siècle, Saint Gobain a étendu ses activités de 18 à plus de 60 pays ! Les acteurs « mondiaux » par contre sont en compétition permanente avec tous ceux présents sur la planète, compétition facilitée par l’abaissement considérable des coûts de transport, comme c’est le cas pour la plupart des produits de technique avancée ou les services financiers. L’avantage de compétitivité des acteurs sur ce marché est lié à la compétence, à l’efficacité du système d’innovation comme aux avantages salariaux ou de stabilité sociale. Au niveau des Etats, il en résulte une constatation majeure : les services ne parvenant jamais à inverser la balance commerciale, les Etats en déficit constant, en particulier par un bilan énergétique négatif, ne peuvent pas assurer le maintien de leur avantage initial de compétitivité : l’excédent industriel de la balance commerciale est une nécessité vitale. Et donc la recherche de l’autosuffisance énergétique, qui conduit pour la France à maintenir sa compétence et sa production nucléaire et à ne pas négliger les sources nouvelles comme les hydrocarbures de schiste ! A la différence de l’Allemagne qui couvre son déficit énergétique grâce à de larges excédents industriels, la France qui n’a plus aujourd’hui ces excédents doit rechercher tous les moyens convenables de réduire le déficit énergétique. Elle doit aussi chercher à retrouver des capacités d’exportation plus importantes, en s’éloignant du modèle « libéral-financier », initié curieusement sous un gouvernement de gauche au début des années ’90, pour se rapprocher du modèle « industriel-commercial » qui réussit si bien en Allemagne comme jadis au Japon. Les contacts à haut niveau qu’entretient notre conférencier lui font penser que c’est dans ces directions que devrait se développer l’action politique en France. Note d’optimisme bienvenue après les constats pas toujours encourageants évoqués précédemment !
André GARNAULT
*« La France doit choisir » édité au SEUIL, janvier 2012.
Merci au groupe des Centraliens pour leurs photos qui permettent d’illustrer ce compte rendu.
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