Le Petit Journal n°07 – juin 2003
Allonger la durée du travail ? Chiche !
C’est ce que doivent penser à juste titre beaucoup de seniors « débarqués » de leur entreprise un peu trop tôt à leur goût. On risque cependant de les prendre bientôt au mot !
Le départ à la retraite du baby-boom est proche. L’APEC annonce un départ à la retraite de 350,000 cadres entre 2005 et 2010. Cette situation sera particulièrement critique dans certaines grandes entreprises. Dans le secteur bancaire, la moitié des effectifs a entre 40 et 55 ans ; la SNCF va perdre 70% de ses cadres dans les 10 prochaines années.
En parallèle, on constate une désaffection générale des jeunes pour les études scientifiques. Lorsqu’ils choisissent cette voie, nos jeunes ingénieurs se tournent plus volontiers vers les métiers « high-tech », que pour les industries traditionnelles.
Dans la conjoncture économique actuelle, le chef d’entreprise est aujourd’hui plus préoccupé par l’évolution de son activité que par celle de sa pyramide des âges. Certains responsables se demandent cependant qui va assurer les fonctions d’encadrement dans leur société, et comment la mémoire de l’entreprise va être conservée.
Va-t-on bientôt assister à une surenchère des entreprises pour attirer ou garder des cadres ? Peut-on espérer que les chômeurs les plus âgés puissent en profiter pour retrouver du travail ?
Pour cela, il faudra d’abord que les recruteurs perdent leur réflexe d’embaucher un jeune. Les seniors possèdent des atouts que mettent en avant certains cabinets spécialisés : savoir-faire, maturité, capacité d’intégration, efficacité opérationnelle immédiate… Ils devront aussi aller contre les idées reçues, et prouver qu’ils ne sont pas récalcitrants à la nouveauté. Pour éviter de repousser le problème, des organisations nouvelles seront à penser.
Alors, pour bientôt ce texte dans une annonce ” Profil du candidat : de formation supérieure, vous avez entre 25 et 35 ans d’expérience… ” ?
Philippe Rose, Président du Groupe Centrale Provence