Le Petit Journal n°03 – mars 2002
Sommaire
Qu’attendre de l’économie (…)
Mais tout cela est le passé
Qu’attendre de l’économie mondiale et des marchés financiers en 2002 ?
Au moment des dramatiques attentats du 11 septembre 2001, l’économie mondiale était déjà en sensible ralentissement. La « bulle Internet » (surestimation des capacités de développement des nouvelles technologies, surinvestissements, sur-valorisation des actifs) avait éclaté, la croissance américaine était en net repli, obligeant les autorités à des mesures de soutien significatives : baisse des impôts, baisse des taux d’intérêt. Le traumatisme du 11 septembre n’a fait qu’accentuer ce mouvement : les entreprises ont dû procéder à des licenciements massifs dans la plupart des secteurs provoquant des pertes d’emploi pour un million de personnes en un an (le taux de chômage passant aux États-Unis de 4 % fin 2000 à 5,6 % aujourd’hui) et ont dû geler leurs décisions d’investissement.
Bien entendu, par contagion, c’est l’ensemble de l’économie mondiale qui est touchée et le taux de croissance des économies américaine, allemande, française et japonaise passe respectivement de 4,1 %, 3,2 %, 3 %, 1,7 % en 2000 à 1,2 %, 2 %, 0,6 % et –0,3 % en 2001. Le début de l’année 2002 en enregistre les conséquences avec les faillites de l’Argentine et de grandes sociétés américaines comme Enron (énergie), K. Mart (n° 2 de la distribution), Global Crossing (télécommunications) et les pertes importantes enregistrées dans les sociétés européennes comme Kirch (médias), Alcatel ou Vivendi.
Mais tout cela est le passé. Que nous réserve l’avenir ?
Les chiffres économiques enregistrés au cours du début du premier trimestre 2002 montrent une nette amélioration et permettent de penser que l’économie mondiale, actuellement en convalescence, sortira ragaillardie de cette récente dépression. Les baisses profondes des taux d’intérêt à court terme opérées par les banques centrales américaine (de 6,5 % à 1,75 %) et européenne (de 4,75 % à 3,25 %) auront un effet bénéfique sur les coûts de crédit. Par ailleurs, les prix de l’énergie semblent se stabiliser sur des niveaux acceptables (autour de 22 $ pour le baril de pétrole).
On pourrait donc assister, tout au long de l’année 2002, à une reprise progressive de l’activité permettant de renouer avec un rythme de croissance de 3 % aux USA et de 2 % en Europe en fin d’année. Ceci signifiera sans doute : une hausse des taux d’inflation (actuellement 2,5 % en zone Euro et 1,1 % seulement aux USA), une hausse des taux à long terme, qui a déjà commencé (de 4,40 % au plus bas début novembre 2001 à 5,20 % début mars 2002 pour l’emprunt d’État français à 10 ans), et un comportement mitigé des marchés boursiers.
Rappelons que la bourse américaine avait terminé l’année 2001 sur un repli de 13 % pour l’indice SP 500 et 21 % pour le Nasdaq alors que le CAC 40 reculait de 22 %. L’année 2002 montre des amplitudes de fluctuation importantes des indices : plus bas de 4 200 le 22/02/02, 4 660 début mars soit + 11 % en quelques jours. La hausse des taux n’est généralement pas bonne pour les marchés boursiers car elle renchérit les coûts de crédit, et provoque des transferts de capitaux vers les obligations au détriment des actions. Néanmoins, l’amélioration des bénéfices des entreprises devrait compenser, et permettre aux bourses actions de nous offrir un résultat honorable.
2002 devrait donc être une année de transition, en espérant que 2003 soit par contre une année de croissance soutenue et de forte performance des marchés financiers.
Jean-François JUSTE, Banque Martin Maurel, HEC 80